Le Cycle Figures sur la corde est un cycle en cinq parties pour guitare et électronique en temps différé, composé par Mario Lorenzo dans le cadre des Aides à l’écriture du ministère de la culture français et créé par Caroline Delume le 24 novembre 2017 à Metz.
Ce cycle est structuré de la manière suivante:
1. Pièce mixte pour guitare et électronique en temps différé
2. Pièce pour guitare seule
3. Pièce électroacoustique seule
4. Pièce pour guitare seule
5. Pièce mixte pour guitare et électronique en temps différé
L’aspect en miroir de cette forme ne fait pas l’objet d’une démarche symbolique de la part du compositeur, et l’alternance des formations permet avant tout à l’auditeur de respirer entre les pièces mixtes plus volumineuses. Chaque partie durant plus ou moins cinq minutes, le cycle complet nous offre vingt-cinq minutes de musique environ.
Le titre fait référence à l’ouvrage Le danseur et sa corde, de Jacques Bouveresse, qui compare les penseurs et philosophes à des danseurs sur leur corde, la corde représentant la voie propre à chacun, les philosophes cherchant leur équilibre entre les différentes sciences et multiples savoirs. Cette pièce questionne donc la notion d’espace de façon concrète et abstraite, ce que Mario Lorenzo appelle «l’espace des raisons». Ainsi, Mario Lorenzo traverse cette corde qui correspond à son parcours propre, cherchant l’équilibre entre ses recherches en musique, en informatique musicale, en philosophie, etc.
Les figures renvoient également à un noyau important de ses recherches sur la composition musicale: Mario Lorenzo utilise ce terme pour définir une entité, une séquence finie d’objets numériques instanciés et encapsulés. À partir de ces figures, le compositeur en crée d’autres, qui s’intègrent dans un réseau de figures. Le propre de celles-ci est qu’elles ne sont pas intrinsèquement modifiables. Une fois qu’elles sont nommées et déclarées, on peut faire appel à elles, elles peuvent déclencher et ou arrêter d’autres figures, mais on ne peut pas en modifier la structure interne.
Chaque figure possède ses propres échelles temporelles, ainsi que son propre espace d’exécution. Ainsi, il existe dans cette pièce autant d’espaces et d’échelles que de figures, qui ont ensuite été ramassées en une configuration multipoints: plus le nombre de canaux et de haut-parleurs est élevé en situation de concert, mieux l’installation se rapproche de la sensation de multiplicité des échelles de cette pièce.
La volonté de Mario Lorenzo de déclarer des figures vient d’un désir de pouvoir arrêter l’instanciation d’objets, la composition, quand il le souhaite. Ces figures naissent de choix d’instanciations des objets numériques compilés sur le logiciel SuperCollider qui les composent. Il s’agit pour lui de reconnaître l’état musical d’un objet qui le satisfait et qu’il peut intégrer dans son réseau de figures.
Par ailleurs, la notion de cycle renvoie non pas à un phénomène cyclique d’éternel recommencement mais à une oeuvre en transition, qui correspond à une période de recherche vers autre chose. En effet, Mario Lorenzo, dans cette composition en particulier, réécrit les différentes parties de son cycle pour en proposer différentes versions. Ainsi, les pièces n’étaient pas la même lors de la création à Metz en novembre 2017 et lors de la reprise à la MSH Paris Nord le 12 avril 2018. Aujourd’hui encore, il travaille sur une troisième version de ce cycle.
La démarche de création de figures à partir d’objets sonores numériques de Mario Lorenzo prend le contrepied d’une tentative d’épuisement: les objets numériques peuvent être modifiés à l’infini et les figures qui naissent de l’instanciation finie de ces objets peuvent être appelées et assemblées de manière infinie également.
Il s’agit plutôt dans cette pièce, ainsi que dans tout le travail de recherche-création de Mario Lorenzo, d’une tentative de re-mobilisation, réutilisation et de ré-instanciation d’objets sonores numériques pour prendre une position différente à chaque fois.
Du point de vue du compositeur, les objets numériques permettent une infinité de possibilités de création. Cependant, la tâche du compositeur n’est pas de tenter de toutes les épuiser, mais bien de faire des choix et de les instancier comme il le souhaite, en sachant s’arrêter quand l’état de la composition ou de l’objet le satisfait. C’est justement cela, pour lui, composer des figures.
Le cycle Figures sur la corde est une composition musicale pour guitare classique et dispositif électroacoustique. Il est composé de 5 pièces courtes d'une durée totale de 20 minutes environ, alternant 2 pièces mixtes, 2 instrumentales et 1 électroacoustique. L’intégration de la résonance et du rythme dans un univers de granulation sonore complexe, à temporalités multiples, est l’une des motivations qui guide l’ensemble des pièces. Ce cycle a reçu une aide à l’écriture d’œuvres musicales originales du Ministère de la Culture.