Prenant prétexte de la publication de l'allocution de Michel Foucault à l'Université de Montréal en 1976 sur “Les alternatives à la prison”, les participant·es s'interrogent sur l’extension d’une ”société policière”, la fabrication des délinquant·es, la surveillance des pauvres, des migrant·es, le profilage des personnes noires, autochtones ou racisées, les peines de substitution, l'abolition de la prison, la tolérance aux “inconduites”, le définancement de la police.
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Une activité qui durera environ une heure quart. Les informations de diffusion de l'événement seront publiés ici la semaine prochaine.
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Philippe Néméh-Nombré est candidat au doctorat en sociologie à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur les formes et possibilités de relationalités entre premiers peuples et diasporas noires au Canada et au Québec. Il est également membre du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés et membre du comité éditorial de la revue Liberté.
Jean-Claude Bernheim est un militant et spécialiste
des enjeux carcéraux. Il fut président de l’Office
des droits des détenus et est l’auteur de nombreux
ouvrages examinant des affaires judiciaires. Il enseigne
la criminologie dans plusieurs universités (Laval,
Montréal, Ottawa, Saint-Boniface).
Jade Bourdages est politologue et professeure à
l’École de travail social de l’Université du Québec à
Montréal. Ses travaux portent sur le traitement judiciaire
des jeunes et la construction de la figure du
délinquant.
Sylvain Lafleur, qui a dirigé l'ouvrage est un chercheur indépendant. Poursuivant les réflexions de Foucault sur les sociétés de sécurité, Sylvain Lafleur s’intéresse aux rationalités
politiques contemporaines et au contournement de
l’État de droit.
André Normandeau est professeur émérite de
l’École de criminologie de l’Université de Montréal
qu’il dirigea de 1970 à 1979. Il est l’auteur d’ouvrages
sur la criminologie francophone et la police communautaire.
Spécialiste des questions policières, il a participé
à de nombreuses commissions d’enquête.
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PRÉSENTATION DE L'OUVRAGE
En 1976, Michel Foucault participe à une conférence organisée par l’Office des droits des détenus de concert avec l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Il y présente ses réflexions sur l’usage des peines de substitution à l’incarcération qui, pour plusieurs, témoignent d’une tendance à l’adoucissement des punitions et présagent la disparition de la prison. Doutant que les sociétés qui y ont recours soient plus tolérantes, Foucault croit, au contraire, que l’utilisation des peines alternatives est symptomatique de l’extension d’une ”société policière” qui ne ménage pas les efforts pour fabriquer des délinquant·es et punir les personnes faisant l’objet d’un ressentiment politique et populiste, qu’elles soient pauvres, migrant·es ou marginales.
Dans cette allocution méconnue et longtemps oubliée enfin restituée ici, Foucault s’interroge sur la logique soutenant la surveillance accrue des personnes et annonce la transformation de la société en prison ouverte. L’auteur de Surveiller et punir doute que l’imposition de sanctions non carcérales témoigne qu’une rupture avec l’emprisonnement est survenue et suppose que le recours aux mesures probatoires et à la surveillance policière s’intensifiera avec le temps.
Près d’un demi-siècle plus tard, qu’en est-il des perceptions de Foucault? L’imposition de peines de substitution participe-
t-elle à dématérialiser l’architecture pénale? Vivons-nous dans une société moins tolérante aux ”inconduites”? Quelle raison pénale marque notre contemporanéité ? Comment fabrique-t-on des délinquant·es aujourd’hui?
Constitué d’entretiens avec les organisateurs de la conférence de Michel Foucault, Jean-Claude Bernheim et André Normandeau, et de spécialistes du contrôle social et de la criminalité, Jade Bourdages, Tony Ferri et Anthony Amicelle, Foucault à Montréal répond à ces interrogations et porte un regard critique sur la judiciarisation croissante des rapports sociaux.