Icemeltland Park est un court documentaire de quarante minutes réalisé par Liliana Colombo. La réalisatrice y construit, à partir d’archives vidéographiques trouvées en ligne, un parc d’attraction fictif nommé Icemeltland Park. L’intérêt touristique principal de ce parc imaginaire est l’observation émerveillée, souvent dans le cadre d’une croisière organisée à cet effet, de la fonte des glaciers provoquée par le réchauffement climatique. Si le parc est une construction de Liliana Colombo, cette pratique est quant à elle bien réelle.
Avec un ton très caustique et un regard critique acerbe, Liliana Colombo donne à voir les impacts de ce tourisme sur l’environnement, une activité qui a une incidence directe sur l’accélération du phénomène (la fonte des glaces et la montée des eaux) qui l’a au départ rendu possible.
Si la voix off de Colombo se fait entendre tout au long du film alors qu'elle commente les images, l'idée du parc reste peu développée par ses commentaires: c'est la compilation des images et leur rapprochement, ainsi que leur représentation sur une mappemonde, qui les instaure en attractions d'un parc à thème. La seule mention explicite du parc, en dehors du titre, est un rappel constant des heures d'ouverture de ce parc fictif, qui s'affichent ponctuellement à l'écran.
Le film a été présenté au Festival dei Popoli (Florence, Italie), au Festival internazionale del film Locarno (Locarno, Suisse) et aux RIDM (Montréal, Canada).
La matière du documentaire est presque exclusivement archivistique, puisque Colombo se sert de vidéos préexistantes extraites du web pour échafauder son parc «fictif» (qui ne l’est que dans la mesure où ces activités touristiques réelles ne sont pas rassemblées sous l’égide d’un parc à thème). Par son titre, Colombo fait de la Terre un immense parc d’attraction où le présent tel que nous le connaissons est lui aussi en train de fondre. Le caractère outrancier de ces pratiques nous rappelle finalement que toute forme de tourisme contemporain est, dans une mesure variable certes, une menace pour l’équilibre planétaire, qu’il s’agisse d’écologie ou de justice sociale.
En effet, parmi les images de spectateurs ébahis s’intercalent des séquences montrant les conséquences de la fonte des glace sur les habitants côtiers, notamment des Suds: montée des eaux, glissements de terrain, tsunamis, etc. La spectacularisation du désastre et, inversement, les désastres engendrés par le spectacle (le délitement en direct des icebergs est, en effet, une vision impressionnante) se superposent alors, et c’est le quotidien d’une certaine portion de la population qui est précarisé par l’activité des plus privilégiés.
À ces images s'ajoutent des cartes comparatives, qui montrent l'incidence des changements climatiques sur la manière dont est nouvellement découpé le territoire, qui rapetisse au fil des ans. Cette modélisation du désastre offre une contrepartie plus informative et moins axée sur le sensationalisme: autre type d'archive, la carte livre aux spectateurs une perspective diachronique sur l'urgence climatique, alors que les jeux d'alternance entre les désastres les instaurent comme des tragédies/comédies synchroniques.
La logique de l’épuisement des ressources est alors poussée à l'extrême, puisque c’est de sa propre mort à venir que le capitalisme fait un divertissement monétisable.
An amusement park designed for families, couples, groups of friends and everyone who wishes to visit. You don’t know where to go on holiday? Or you’re not sure how to spend your honeymoon? Come to Icemeltland Park, you won’t regret it!