One Terabyte of Kilobyte Age est un projet d’archivage des sites hébergés sur GeoCities.
GeoCities était un service d’hébergement Web gratuit fondé en 1994 et fermé en 2009. Pendant ces quinze ans, un grand public d’internautes se sont servis pour héberger leurs propres sites webs personnels.
L’annonce de la fermeture de GeoCities en 2009 représenterait la perte de toutes les données de milliers de sites personnels. Une équipe d’archivistes qui porte bien son nom Archive Team a réussi à sauver un téraoctect des données. Le reste des données sont perdues. L’archivage a été partagé en ligne avec un torrent.
Ensuite, les artistes Olia Lialina et Dragan Espenschied ont téléchargé les données sauvées par le Archive Team et ont commencé un projet de conservation des archives. Ce projet comprend deux principaux volets.
Le premier volet concerne un blog sur Tumblr où des captures d’écran des pages Geocities sont automatiquement publiées, encadrées dans une reconstruction d’un vieux navigateur pour créer un effet de véracité et d’une expérience Internet synchrone. Une capture d’écran est publiée toutes les vingt minutes. Le public ne peut pas interagir avec les sites ou les explorer; il s’agit plutôt d’une exposition en ligne.
Les artistes interviewent les anciens utilisateurs de Geocities, publiant leurs interviews avec les pages sur le blog. Dans les interviews, Lialina découvre les raisons pratiques ainsi que personnelles des utilisateurs de Geocities. Elle vise à comprendre non pas seulement les raisons pour le contenu de ces sites en particulier, mais aussi la publication en ligne en tant qu’acte d’expression personnelle d’un.e internaute.
One Terabyte of Kilobyte Age représente une tentative d’épuisement de temps et de données.
Le titre fait référence à l’épuisement d’un moment. Le «kilobyte», ou kilo-octet en français, est égal à 1 000 octets. Cette unité est maintenant dépassée par des supports de stockage d’information qui peuvent porter au-delà d’un quadrillion d’octets. Le titre de l’œuvre fait référence à cette obsolescence technologique en brandissant ouvertement le fait qu’on a téléchargé un billion d’octets de données d’une ère d’Internet où on ne parlait que de simple kilo-octets. Il s’agit d’une conservation d’un moment dans le passé, dans un sens très littéral de la conservation de ces données qui seraient autrement perdues, et d’une représentation et d’une recréation d’un moment dans le passé. L’encadrement de ces sites dans des navigateurs désuets a un effet de sensibilisation du spectateur envers le temps qui passe.
Ce projet existe dans le grand but d’une exploration de ce que les artistes ont nommé le «folklore numérique». Lialina et Espenschied cherchent à illuminer et à illustrer un moment dans l’histoire Internet autant qu’un moment dans l’histoire quotidienne et humaine. La publication des captures d’écrans et les interviews servent à retravailler la même base de données afin d’approfondir une connaissance sur un moment d’existence et d’interaction humaine au moment de la première génération du World Wide Web. En localisant les anciens utilisateurs, on rend cette base de données dans le monde réel hors du projet. Au sein des interviews et des publications des captures d’écrans, l’œuvre évoque une tentative d’épuisement d’une base de données qu’on fait vivre et revivre à plusieurs évolutions.