«Sodome@home» juxtapose au sous-titrage du film de Pasolini, «Salo ou les 120 journées de Sodome», des images de toutes sortes puisées sur le site Flickr. La figure sexuelle omniprésente dans le texte cinématographique est absente des clichés générés aléatoirement. Le contenu visuel de l’œuvre, à priori non érotique, devient sexuel à cause de son association aux mots. Cet agencement amène l’internaute à interpréter autrement ce qu’il voit.
«Sodome@home» se présente comme une tentative d'épuisement d'un texte, mais aussi d'un film, par le biais de l'image numérique et de son défilement. En superposant les sous-titres du film de Pasolini, qui est lui-même une réinterprétation de l'oeuvre de Sade, à des images issues d'un différent contexte, c'est la portée sémiotique de l'un comme de l'autre que l'on cherche à épuiser. L'usage, pour ce faire, des images fournies aléoatoirement par Flickr, implique par ailleurs l'utilisation d'une archive dans le processus, et nous rapellent que le texte de Sade était déjà une (étrange s'il en est) archive. Certes, ces images du quotidien sont revectorialisées et investies d'une charge érotique dont elles étaient pourtant dépourvu par ce réemploi ; cependant, à l'inverse, les propositions de Sade et de Pasolini sont en partie trivialisés par cette mise en commun. Les 120 jours relatés par le Marquis, qui eux-même faisaient l'objet d'une consignation qui rapelle le geste archivistique et l'épuisement (des corps mis en scène tout comme de l'évènement narré), renvoient désormais au caractère inoffensif du quotidien dans toute son insignifiance et sa redondance.
Si Flickr est la plus grande base de données d’images du monde avec plus de 2,5 milliards de photographies, les règles qui régissent ce service sont restrictives et interdisent un certain nombre de comportements et de représentations. En particulier, les images sexuelles sont interdites, interdiction qui entre en contradiction avec le sentiment commun qui veut que le réseau numérique soit le lieu de toutes les débauches et de toutes les perversions. Dans Sodome@home, les sous-titres du film de Pasolini sont traduits dans Flickr. Le résultat est une association imprévisible entre les textes et les images. Ne trouvant pas d’images correspondants aux mots désirés, Sodome@home tombe sur des images par défaut qui changent toutes les heures. L’image la plus innocente devient alors suspecte du fait de «son» sous-titre.
En 2017, les images ne s'affichent plus.