Rashōmon est un film du réalisateur japonais Akira Kurosawa prenant comme base narrative deux nouvelles de Ryūnosuke Akutagawa. Le film débute avec la rencontre de deux hommes, un bucheron et un bonze, sous le portique en ruine de Rasho au Xe siècle. Un troisième homme les rejoint. Le bucheron commence à raconter une histoire qu’il dit ne toujours pas comprendre. Trois jours plus tôt, il a découvert le cadavre d’un samouraï. Après avoir prévenu la police, il s’est trouvé amené à témoigner au procès. Au moment de la rencontre avec le bonze et l’autre homme, il revient du tribunal.
Au cours du procès, quatre versions différentes de l’évènement ont été exposées. La première est celle du bandit Tajômaru qui est accusé d’avoir tué le samouraï. Il avoue et expose sa version des faits. Après être tombé amoureux de la femme du samouraï, il s’est décidé à l’enlever. Il ne tenait pas forcément à tuer le samouraï, mais seulement à l’éloigner de son épouse. Il l’amena alors dans la forêt où il le bâillonna. En retournant auprès de la femme de ce dernier, il lui dit que son époux a été mordu par un serpent et qu’il est mort. La femme pleure et face à l’amour qu’elle semble porter à son mari, Tajômaru décide de lui montrer ce dernier humilié et attaché. Il viole la femme du samouraï devant lui. Avant de repartir, elle lui demande de combattre son époux afin de ne pas être avilie par deux hommes. Le combat entre Tajômaru et le samouraï est un combat régulier et élégant que Tajômaru remporte. Durant ce temps, la femme du samouraï s’est enfuie. Tajömaru la poursuit.
La deuxième version est donnée par la femme du samouraï. Elle dit qu’après avoir été violée par Tajômaru devant son mari, elle essaya de détacher ce dernier. Face au mépris qu’il lui accorda, elle lui demanda de la tuer. Devant son regard inflexible, elle tomba dans la folie et le tua avant d’essayer de se noyer dans un lac.
Un troisième témoignage durant le procès provient d’une chamane, convoquée pour faire entendre, à travers elle, la version du mort. Le samouraï dit que sa femme demanda au bandit de le tuer afin qu’ils puissent s’enfuir ensemble. Tajômaru refusa et la femme s’enfuit. Il libéra alors le samouraï qui s’effondra de chagrin avant de se faire hara-kiri.
Le dernier témoignage est celui du bucheron. Il n’a pas vu toute la scène, mais dit être arrivé quand la femme du samouraï fustigeait les deux hommes de différentes choses et les enjoignit à se battre, l’un contre l’autre. Quand ils le firent, c’est un combat pathétique que le samouraï perd qui a lieu.
Ce film est une méditation sur la difficulté à faire émerger la vérité et sur les défaillances de la subjectivité et de la mémoire humaine. C’est également une tentative d’épuisement des points de vues sur une situation. En effet, le spectateur du film ne peut définir laquelle des quatre versions de l’événement est la vraie. Il est obligé de faire exister simultanément toutes ces réalités alternatives. Il doit aussi considérer qu’aucune d’elles n’est, peut-être, la bonne et qu’il existe encore virtuellement une infinité d’autres versions possibles.
Les quatre versions de la scène sont elles-mêmes mises en doute. Le spectateur n’a accès aux différentes versions que dans la narration que le bucheron en fait au bonze et au passant.
Le film de Kurowsawa a donné naissance à « l’effet Rashomon » caractérisant les situations où un même événement se trouve rapporté d’une manière différente selon les témoins.