Grâce aux données récoltées par les satellites des stations météorologiques du monde entier, l’installation Most Blue Skies (I & II) détermine, lorsqu’interrogé par les spectateurs, quel est l’endroit du monde où le ciel est actuellement le plus bleu. Commencées dès 1999, les recherches menées par Autogena et Portway impliquent le traitement des données atmosphériques en direct, le développement de logiciels et de matériel de traitement approprié, et des méthodes de visualisation des couleurs intégrant la recherche neurologique.
Exposé initialement à la biennale de Gwangju en 2006 (Most Blue Skies I), l’œuvre a ensuite été présentée dans le cadre de l’exposition RETHINK à Copenhague (au moment du sommet pour le climat de 2009). Elle a ensuite fait le tour de l’Europe (Tensta Kunsthalle, Stockholm, 2010; Data Landscapes, The Arts Catalyst, London, 2011; «Salons» - Convivialité, écologie et Vie Pratique, Paris, 2012) jusqu’en 2012.
L’œuvre elle-même est composé de deux écrans: sur le premier figure une carte du monde, sur laquelle sont indiquées les positions des satellites; sur le second s’affiche la teinte exacte du ciel le plus bleu en fonction des données récoltées au moment de la demande. Le contenu des deux écrans change donc au fil des modulations météorologiques et des données enregistrées à leur sujet par les satellites.
Le projet a été développé avec le soutien de Tom Riley, l’Université de New Castle, le Space and Atmospheric Physics groupe de recherche de l’Imperial College de Londres, le Met Office, UCl Colour and Vision Research laboratory, l’Institut Alexandra, le Physical National Renewable Energy Laboratory aux États-Unis et la NASA.
L’archive joue une part constitutive dans le processus de Most Blue Skies (I & II), puisque la production des résultats qui s’affichent sur les écrans n’est possible que grâce à la collecte effectuée par les satellites météorologiques.
Most Blue Skies (I & II) est rattaché au présent qu’il documente de manière évidente: en fournissant des réponses à partir des données que lui livrent en temps réel les satellites, l’œuvre s’attache à l’immédiateté des changements atmosphériques. Son intérêt est d’informer les spectateurs sur le ciel qui est le plus bleu au moment même où la question est posée par eux. Le bleu qui s’affiche n’est que la réponse temporaire et sans cesse changeante à l’interrogation des visiteurs. De plus, la réponse elle-même est éminemment liée à l’expérience du présent où, plus précisément, aux divergences entre les différentes expériences simultanées du présent, puisque les résultats dépendent évidement des cycles quotidiens et de la course du soleil dans le ciel.
C’est donc au quotidien le plus strict que renvoie cette dimension de l’œuvre, à savoir l’écoulement journalier et toujours renouvelé des heures. L’utilité première des satellites, celle d’une prédiction météorologique, qui est d’ordinaire éminemment liée au futur, se tourne dans Most Blue Skies (I & II) vers l’instant présent.
Enfin, Most Blue Skies (I & II) réinscrit dans un dimension humaine cet ensemble d’informations pointues qu’engrangent les machines et retraduit le spectre des radiations captées par les satellites en expérience sensible et simple, celle d’une couleur réputée pour le calme qu’elle provoque.
Mais l’aspect rêveur et romantique de la requête, qui flirte aussi avec l’optimisme, contraste avec l’ombre planante de l’angoisse écologique et de l’omniprésence des technologies spatiales de mesure et de récolte des données ainsi qu’avec la menace de la surveillance environnementale. L’œuvre met en scène cette anxiété provoquée par le changement climatique en opposition avec l’aspect paisible des changements météorologiques et joue de cette tension entre temps court et temps long. En plus d’épuiser l’ensemble des données météorologiques sur le ciel, l’installation explore ainsi les multiples virtualités de la couleur bleue, mais surtout du symbolisme qui lui est rattaché.
Most Blue Skies I + II is a computer generated installation that attempts to find “the bluest skies” in the world. The project measures the passage of light through particulate matter in the atmosphere, and calculates the exact colours of the sky at billions of places on earth. Using a complex system of satellite data acquisition and atmospheric simulations, the project continuously calculates the place on earth that has the bluest sky and visualises the best possible approximation to that colour, as well as the name of the place where you should stand to see that sky. Most Blue Skies I + II combine atmospheric research, environmental monitoring and sensing technologies with the romantic history of the blue sky and it’s fragile optimism, and addresses our changing relationship to the sky space as the subject for scientific and symbolic representation.