Oeuvre sonore
Poussières Cosmiques
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Poussières cosmiques est une pièce pour piano et électronique en temps réel, composée par Danilo Rossetti et créée par Adrien Udo le 25 mars 2015 à l’université Paris 8.

Il existe deux versions de cette pièce dans lesquelles seules les parties instrumentales sont différentes : la première version a été composée pour un élève du conservatoire de Saint-Denis dans une démarche pédagogique. La deuxième version fut écrite et créée en collaboration avec Sophia Vaillant, pianiste professionnelle.

Le titre fait référence à une granularité des écritures à la fois instrumentale et électronique associée à un univers spatial astral.

L’écriture électronique de cette pièce s’organise autour de trois modules : la granulation, la décorrélation temporelle, effectuée sur la librairie HOA développée par le CICM (Centre de recherche Informatique et Création Musicale), et la modulation en anneau (ring modulator).

Ces modules sont les mêmes que ceux de la pièce Océanos pour saxophone, du même compositeur.

Relation au projet: 

Les modules interagissent ici et maintenant avec le jeu de l’instrumentiste et l’espace de diffusion. C’est pourquoi les résultats sonores de ces deux pièces sont tout à fait différents : l’instrument choisi, l’espace de diffusion, mais également les différentes variables font qu’un même instrument électronique d’origine peut donner lieu à des créations très variées.

Par ailleurs, Poussières Cosmiques est une pièce dont les variables des différents modules sont fixées et indiquées de façon précise sur la partition instrumentale : il suffit donc de déclencher les différents preset au bon moment pour jouer la pièce. Ainsi, cette pièce peut facilement être reprise sans la présence du compositeur, et peut même être jouée uniquement par l’interprète avec une pédale MIDI, comme ce fut le cas lors de la création de la deuxième version. Cependant, la partie du patch de spatialisation du son doit être toujours adaptée en fonction de l’espace de diffusion, et des réglages sont à effectuer à chaque nouvelle reprise de la pièce. Il y a donc à la fois une dimension exhaustive et un fort rapport à la question du présent de la représentation.

Les parties instrumentale et électronique ont été écrites dans une démarche de convergence des écritures, c’est-à-dire qu’elles sont pensées et composées en même temps et dans le même geste. Par exemple, Danilo Rossetti associe souvent un mode de jeu instrumental bruiteux avec le module de granulation.

Pour que ces convergences fonctionnent, les retours de la pianiste sur les modes de jeu du piano sont primordiaux. C’est ainsi que Danilo Rossetti a pu observer toute une phase d’expérimentations entre piano et électronique avec l’aide de Sophie Vaillant. De manière générale, c’est la raison pour laquelle la musique mixte fait presque toujours appel à l’interprétation participative, c’est-à-dire à de nombreux échanges entre interprète et compositeur.

En ce sens, Poussières cosmiques est une pièce qui tente moins d’épuiser des objets que de les réutiliser: Danilo Rossetti reprend bien souvent des objets voire des modules entiers déjà construits, en les considérant comme un instrument déjà existant et réutilisable à l’infini, en fonction des différentes variables qui lui sont attribuées.

Selon le compositeur, et d’un point de vue plus large, les traitements utilisés au fil du temps dans le domaine des musiques mixtes partent de modèles presque originels en musique électronique : traitements temporels, fréquentiels, granulaires qui, loin d’être épuisés, se présentent de nos jours dans des versionnages multiples et infinis. La singularité des résultats sonores évolue en fonction de l’écriture instrumentale, du choix des variables, de la spatialisation, du contexte…

De ce point de vue, aucune musique mixte ne tente donc d’épuiser quoi que ce soit, au contraire : le domaine des musiques mixtes cherche la réutilisation et le ré-emploi d’objets déjà existants.

Discours / Notes: 

Note de programme :

In this piece, the idea is to work in the microtime sound scale, aiming to produce an interaction and convergence between the pianistic writing and the chosen electroacoustic treatments. These treatments are applied and transform the piano sounds captured live with microphones. The processes of interaction and convergence are related to the idea of sound morphology and are based on the undulatory and granular models of sound description. During the performance of the piece, there are moments when a granular sonority is predominant (convergence of trills and fast figurations in the piano, and granular synthesis and delays in the electroacoustic part). On the other hand, there are also harmonic/contrapunctual moments in which arpeggios and chords are combined with the ring modulation electroacoustic treatment. An improvisation part is also previewed in the middle of the piece, when the pianist plays «inside» the piano, directly in the strings, wood and metal parts.