En 2014 à une conférence de TED (Technology, Entertainment, Design) à Vancouver les artistes Lauren Lee McCarthy et Kyle McDonald installent leur œuvre Social Soul. Les données des réseaux sociaux des spectateurs et spectatrices étaient analysées par le système d’intelligence artificielle intégré dans l’œuvre. Un spectateur ou une spectatrice pouvait ensuite entrer dans l’œuvre, qui disposait d’une interface visuelle d’écrans et de miroirs qui l’entourait à 360 degrés afin d'immerger la personne.
Les écrans diffusaient le flux du compte Twitter de la personne et ensuite celui d’une autre personne. L’effet d’être entouré.e des écrans et des miroirs qui les reflètent créait la sensation d’être dans le flux d’un compte de réseau social et non pas seulement un spectateur ou une spectatrice. Les effets sonores complétaient l’expérience d’être dans un système numérique qui est en constante calculation.
La deuxième personne était choisie grâce au système d’analyse de données, où le système conclut qui est l’âme sœur (“soulmate” en anglais) du visiteur ou visiteuse de l’œuvre. Cette personne était toujours une autre personne assistant à la conférence. À la fin de l’expérience, le système affichait le pseudo Twitter de l’âme sœur et encourageait des rencontres en personne et la promotion d’un rapport à l’extérieur des réseaux sociaux.
Social Soul est un exemple d’une tentative d’épuisement de données. Cette tentative est réalisée de deux façons.
La base de données des visiteurs et visiteuses est internalisée par l’œuvre afin de la créer une expérience sensorielle de la présence Twitter de chaque personne. Ensuite, elle est analysée pour faire la paire avec un.e autre visiteur ou visiteuse. Ces paires sont idéalement des âmes sœurs vis-à-vis des vies des participant.es sur les réseaux sociaux. Le fait que le système encourage des rencontres entre les participant.es indique l’épuisement de la base de données, ainsi qu’un épuisement des limites d’un rapport en ligne. Les visiteurs et visiteuses sont encouragé.es par un système numérique de créer des rapports hors le numérique, où les rapports humains peuvent s’approfondir bien plus loin qu’en ligne.
Deuxièmement, la diffusion multisensorielle des données des réseaux sociaux se fait à travers un dispositif qui permet de créer une expérience sublime pour le visiteur ou la visiteuse. Le spectateur ou la spectatrice est immergé.e dans un contexte physique et mental où il n’y a que les données.