Puberty est un journal photographique grâce auquel Laurence Philomène documente sa prise d’hormones depuis 2019. Nombreuses, les images de la série font état de la transformation physique de l’artiste non-binaire à travers la représentation du déroulement ordinaire de son quotidien.
Dans une palette de couleurs vives et saturées, Philomène capture des images centrées sur l’intimité et l’espace domestique qui s’inscrivent dans la tradition photographique de l’autoportrait.
La série a fait l’objet de quelques expositions (La Cenne - Montreal, Canada ; La chambrée, Rennes, France) et publications (New Queer Photography, 2020 ; Boys Boys Boys, 2020) et sera éditée chez Yoffy Press au courant de l’année 2021.
La forme même du journal adoptée par Laurence Philomène induit un rapport à la documentation ainsi qu’à la temporalité. La prise de photo au jour le jour s’attache à représenter des activités de tous les jours : en d’autres termes, le rapport au quotidien est ici double, car c’est au quotidien que se captent des images du quotidien. Même si ces archives paraissent triviales, elles sont porteuses d’une charge politique très forte – et qui dépend pour beaucoup de la reprise critique et du réinvestissement de catégories jugées insignifiantes. C’est par exemple tout l’imaginaire de l’adolescence (auquel renvoie le titre autant que la forme diaristique) que réinvestit l’artiste de manière à faire un pied de nez aux institutions qui d’ordinaire dédaignent ces esthétiques camp et souvent liées à l’immaturité dans l’imaginaire social.
C’est en partie à ce principe du journal photographique que Puberty doit son rattachement au thème de l’épuisement. Cependant, c’est également le corps qu’épuise l’œuvre – plus précisément, ce sont les potentiels de sémiotisation genrée de ce dernier qui sont exploitées jusqu’à l’exhaustion. Puberty ne donne pas à lire la transition de genre comme le passage d’un état initial à un état final, mais comme une métamorphose perpétuelle où le corps reste indéfini, et se refuse à la catégorisation binaire. C'est de cette irréductibilité dont témoigne l'archive trans que constitue Puberty.
Puberty is an ongoing colourful autobiographical self-portrait project that looks at the intimate and vital process of caring for oneself as a non-binary transgender person undergoing hormonal replacement therapy (HRT), and celebrates transition as a space for exploration without a fixed end goal.
Since January 2019, I have been documenting the changes testosterone generates in my body and moods through daily photographs. The resulting images are simultaneously staged and candid, created by setting up a tripod in my home as I go about my routines.
Set in highly-saturated domestic spaces, these photographs look at minute details of transition which are seldom represented and given access to. This body of work currently exists largely online. It is set to be released as a monograph through Yoffy Press in 2021.
Growing up, the only access I had to queer history was through photography books I borrowed at the library. In lieu of institutional recognition, a lot of our history as marginalized folks is passed down through self-documentation as a means of reclaiming our narrative, which is something that’s always been fascinating to me. I think of the freedom to create our own story as an integral part of embodying queerness.
Puberty takes root in the tradition of diaristic autobiographical photography - namely Nan Goldin’s classic Ballad of Sexual Dependency, as well as the works of photographers such as Texas Isaiah, Hobbes Ginsberg, and all my trans siblings reclaiming our narratives.
Having dedicated my practice to documenting non-binary lives over the last 5 years, Puberty allows me to dig deeper into what it means to have autonomy over our stories as marginalized individuals. In addition to this, I work with the hope of providing representation to and solidarity with future generations of queer and trans individuals as they navigate both personal joys and institutional hardship and erasure.