Oeuvre hypermédiatique
Future Visions
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L’identité queer, bien que présente depuis plusieurs décennies dans les études culturelles et féministes, reste massivement invisibilisée dans les produits culturels de masse. Alors que de plus en plus de personnalités publiques se définissent ouvertement comme queer et que la population est de plus en plus sensibilisée, les préoccupations de la communauté quant à son devenir demeurent. Dans une société se repliant vers la droite, à quoi peut ressembler l’avenir de ceux qui sortent de la cis-hétéronormativité?

C’est avec cette préoccupation en tête que les artistes montréalaises Angela Gabereau et Coral Short, «mères» du projet, ont fait appel à des artistes et des activistes d’Amérique du Nord et d’Europe pour émettre leurs prédictions sur l’avenir du queer - au niveau identitaire, communautaire et au sujet de ses aspirations. L’œuvre collective a ainsi été présentée, sous forme d’installation, lors du festival d’art numérique féministe intersectionnel HTMlles 2015, organisé par le Studio XX.

Future Visions est une œuvre sous forme de tarot interactif. Minimal, le site internet rappelle ceux du début du millénaire. Le fond semble être une large photo de vagues psychédéliques. Le curseur émet des paillettes de pixels, rappelant aussi les débuts du web. On nous donne le titre de l’œuvre, un onglet qui amène l'utilisateur à un texte explicatif des artistes-commissaires  et l’onglet «Shuffle» pour activer le tarot. Nous sommes mis face à un choix de trois cartes retournées et nous devons en choisir une, guidés par notre «instinct». Le choix de la carte ouvre une fenêtre «pop-up» contenant la vidéo d’un des participants. Plus de 83 choix de «cartes/vidéos» s’offrent à nous, où nous visionnons les expérimentations formelles (mixages vidéo, synthèse sonore…), la performance filmée, la danse, le tutoriel, la musique et la déclamation de poèmes-prédictions.

Les voix et les esthétiques s’entremêlent dans cette œuvre immense: l’irrévérence et l’exaltation du corps se mêlent aux visions pessimistes et dystopiques d'autres artistes. Il y a l'espoir aussi; la plus jeune participante, Queen Sisyphus, 17 ans, se voit déjà dans l'avenir comme une activiste vieillissante accueillant la relève de la communauté queer chez elle. En utilisant les codes du tarot, Gabreau et Short insufflent dans l’œuvre un aspect new age à l’œuvre. Certain.e.s artistes ont choisi de présenter d’une manière sobre leur prédiction sur l’avenir du queer, mais beaucoup de ces créat.eur.trice.s ont choisis de jouer avec la thématique mystique donnée, s’éloignant du ton sociologique et sérieux qu’aurait pu amener un tel sujet, pour nous offrir plutôt une variété d’univers excentriques à découvrir.

Relation au projet: 

Les vidéos présentés dans le cadre du projet permettent de montrer les préoccupations et la richesse artistique des communautés queer à travers le monde. L'oeuvre présente ainsi une vision du futur qui témoigne énormément du présent, en 2014.