Oeuvre hypermédiatique
Poésie générative
Image for Image
Auteur·e·s de la fiche: 

Olho por olho (œil pour œil), d’Augusto de Campos (1964), donne à voir une pyramide d’images d'œils de personnages historiques ou contemporains dans laquelle se nichent, ici et là, des images de panneaux routiers - évoquant la situation politique brésilienne - ou des objets ayant une similarité formelle avec l'œil humain. Olho por olho active sa dimension critique en laissant dialoguer les images entre elles et en interrogeant la capacité de discernement de la regardeuse ou du regardeur.

Dans Image for image, une transcréation de l'œuvre de de Campos réalisée par le collectif Not the Dress, les artistes ajoutent une dimension interactive à ce jeu sémantique en invitant les internautes à interroger et à nourrir une intelligence artificielle (réseaux antagonistes génératifs). Par le biais de trois téléversements d’images, les participantes et les participants construisent à leur tour une pyramide dont les liens formels et sémantiques sont déterminés ou, plutôt, conjecturés par la machine. L’expérience esthétique et poétique est collaborative et constamment renouvelée. L'œuvre actualise et radicalise ainsi la proposition de de Campos, tout en exploitant la malléabilité des images, et celle des relations qui les unissent.

Cette œuvre fait partie de l'exposition en ligne Trans[création].

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Olho por olho (eye for an eye) by Augusto de Campos (1964) presents a pyramid of images of the eyes of historical or contemporary figures, in which images of road signs - alluding to the state of politics in Brazil - or objects with an ovular similarity to the human eye are nestled here and there. Olho por olho creates a dialogue between the images, questioning the viewer's capacity for discernment and thus opening space for a critical lens.

In Image for image, a transcreation presented by the collective Not the Dress, the artists add an interactive dimension to this semantic game by inviting Internet users to question and feed an artificial intelligence (generative adversarial network). By uploading three images, the participants build a pyramid whose formal and semantic links are determined or rather, conjectured by the machine. The aesthetic and poetic experience is collaborative and constantly renewed. In doing so, the work actualizes and radicalizes de Campos' proposal while exploiting the malleability of the images and their relationships to each other.

This artwork is included in the online exhibition Trans[creation].

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Olho por olho (1964), de Augusto de Campos, apresenta uma pirâmide formada por imagens de olhos de personagens históricas e contemporâneas, na qual se insere, aqui e ali, imagens de sinais de trânsito - evocando a situação política brasileira - ou objetos que guardam semelhança formal com o olho humano. Olho por olho ativa sua dimensão crítica ao deixar as imagens interagirem entre si, questionando a capacidade de discernimento do público.

Em Image for image, uma transcriação da obra apresentada pelo coletivo Not the Dress, as artistas acrescentam uma dimensão interativa a este jogo semântico, convidando as pessoas a interrogarem e alimentarem uma inteligência artificial (redes adversárias generativas). Ao subir imagens no sistema, os/as participantes constroem uma pirâmide cujas ligações formais e semânticas são determinadas, ou melhor, conjecturadas pela máquina. A experiência estética e poética é colaborativa e constantemente renovada. Ao fazer isso, o trabalho atualiza e radicaliza a proposta de Augusto de Campos, enquanto explora a maleabilidade das imagens e suas relações entre si.

Esta obra está incluída na exposição online Trans[criação].

Relation au projet: 

Œil pour œil est une collection pyramidale de coupures de magazines représentant des yeux. Elles ont été découpées pour ensuite être laquées sur du bois. C'est à partir de ce poème visuel concrétiste que Not the Dress a conceptualisé sa propre oeuvre d'art. Devant Image for Image, l'internaute est incité.e à entrer une image - choisie à partir de ses propres fichiers, d'une URL, d'un réseau social ou d'un moteur de recherche - pour recevoir sa propre collection pyramidale. Chaque fois que l'intelligence artificielle est invitée à se produire par l'entremise de la participation du public, c'est une nouvelle itération de l'œuvre d'art qui voit le jour. L'IA apprend également de chacune de ses performances, ce qui lui permet de générer des résultats qui renvoient de plus en plus précisément à la donnée d'entrée.

Lors de la constitution de l'oeuvre d'art, les plans initiaux impliquaient que les donnée de sortie soient elles aussi des images. Cependant, étant donné que les supports d'entrée et de sortie étaient les mêmes, l'IA a rapidement été en mesure de "boucler la boucle" et de fournir des images si précises qu'elles étaient identiques à celles entrées. La saturation d'images à l'étape d'apprentissage automatique avait ainsi épuisé le principe artistique. En privilégiant les associations sémantiques plutôt que les images, les artistes ont souhaité que le résultat reste orienté sur les expériences et les potentialités futures de l'œuvre d'art. L'oeuvre repose alors sur une vision artistique dans laquelle l'horizon de l'exhaustivité est toujours présent et central, mais hors d'atteinte. La participation des spectateurs crée une archive dont les racines se trouvent dans les fichiers personnels de chacun.e, ou dans les motivations qui affectent le choix des images téléchargées vers l'IA. Le caractère illimité et imprévisible des entrées produit une archive aux possibilités restant toujours ouvertes. 

De Campos est très attaché à à une poétique de l'art autoréalisateur, illustrée par la recombinaison et la réédition de diverses versions de ses œuvres. Image for Image met en évidence à la fois la frontière floue entre l'art et le médium, et la réalité d'une œuvre d'art qui toujours évolue, à travers les interactions avec son public, vers une nouvelle version d'elle-même.

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Eye for an eye is a pyramidal collection of magazine clippings, all of them eyes, lacquered onto wood. Therefore Not the Dress conceptualized an art piece that would riff on concrete visual poems. Spectators of Image for Image could expect to input an image—chosen from their own files, a URL, social media or an online search—and receive their own pyramidal collection. Each time the artificial intelligence is invited to perform by a user, a unique iteration of the artwork is born. The AI also learns from each of its performances, with the goal of rendering output that is increasingly more accurately associated with the input.

Initial plans for the artwork involved images as output. However, given that the input and output media were the same, the AI managed to "come full circle" and render images so accurate they were identical to the input. The over-saturation of images during the machine learning process exhausted the artistic principles. Changing the output medium to semantic associations rather than images ensured that the artistic concept remained in future experiences of the artwork. Spectator participation creates an archive with roots in personal files, or personal motivations that affect the choices uploaded to the AI, effectively presenting a limitless input archive of possibilities. Not the Dress' choice to adapt the artwork to a semantic rather than visual output, due to the unexpected constraints caused by the AI, establishing an artistic vision in which the horizon is always just beyond reach, rather than a goal to arrive at.

 

De Campos' belief in a poetics of self-actualizing art was most illustrated by his recombination and republication of various versions of many of his works. Image for Image highlights both the blurry boundary between art and medium, and the reality of an artwork that evolves through interactions with its public into a new version of itself.