Oeuvre sonore
Performance
Vidéo
Jurema Sagrada
Auteur·e·s de la fiche: 

Quatrième volet d’une “série syncrétique” réalisée par l'artiste visuel Rodrigo D'Alcântara, Jurema Sagrada ("Jurema sacrée") retrace l'histoire fantastique de la vie de Jurema, la grand-mère de l'artiste, une femme nimbée de mysticisme et honorant ses racines familiales. Œuvre sonore, vidéographique et performative, elle tire parti du rôle esthétique de la couleur et du mouvement propre à l’approche concrétiste et à l'art décamposien.

D'Alcântara emploie l'image et le son, plutôt que les mots, comme moteurs de la narration. Son style cinématographique fragmentaire et non-linéaire se prête à une poétique de l'association, où l'irréel peut rencontrer et interagir avec le réel et où le symbolique se manifeste littéralement: les larmes deviennent des billes, la vie se matérialise sous forme de perle, et le corps humain se révèle être un vaisseau d'histoires. Filmée dans la région du Centre-Ouest du Brésil, également connue sous le nom de "cœur du Brésil", Jurema Sagrada plonge les spectateurs et les spectatrices dans les méandres de la mémoire d’une matriarche au cœur de l'œuvre et du territoire.

Cette œuvre fait partie de l'exposition en ligne Trans[création].

***

The fourth installment in visual artist Rodrigo D’Alcântara’s ‘Syncretic Series’, Jurema Sagrada (“Sacred Jurema”) unveils the fantastical story of the life and legacy of Jurema, the artist’s grandmother, a woman portrayed as surrounded in mysticism and family roots. Jurema Sagrada, a sound, video and performance piece, reprises the aesthetic role of color and movement common in concretismo and decamposian art.

D’Alcântara employs imagery and sound, rather than words, as the propellers of narrative. His fragmentary and non-linear style of filmmaking lends itself to a poetics of association, where the unreal can meet and interact with the real in a world where symbolism manifests literally: tears become beads, life appears as a pearl, and the human body is transformed into a vessel of stories. Filmed in the Center-West region of Brazil, also known as “the heart of Brazil,” Jurema Sagrada uncovers layer after layer of emotive depth to reveal the matriarch at its beating heart.

This artwork is included in the online exhibition Trans[creation].

***

Jurema Sagrada é o quarto trabalho da "Série Sincrética", do artista Rodrigo D’Alcântara, e revela a fantástica história de vida e legado de Jurema, avó do artista, cercada de misticismos e raízes familiares. Jurema Sagrada é uma obra audiovisual e performática que resgata o papel estético da cor e do movimento, característicos do concretismo brasileiro e do trabalho de Augusto de Campos.

Em vez de palavras, D'Alcântara utiliza imagem e som como motores da narrativa. Seu estilo fragmentário e não linear de filmar propõe uma poética de associações, no qual o irreal pode se encontrar e interagir com o real em um mundo onde o simbolismo se manifesta de forma literal. As lágrimas se transformam em miçangas, a vida aparece como uma pérola, e o corpo humano se transforma em um recipiente de histórias. Filmado na região Centro-Oeste do Brasil, no coração do país, Jurema Sagrada mergulha os espectadores e as espectadoras nos meandros da memória de uma matriarca como elemento central da obra e do território.

Esta obra está incluída na exposição online Trans[criação].

 

Relation au projet: 

Jurema Sagrada et la série syncrétique de D'Alcântara exploitent toutes deux une esthétique néobaroque permettant de tisser l'œuvre et de la renvoyer à elle-même. Le symbolisme constant, autoréférentiel et évolutif - réalisé en exposant de manière répétée les mêmes objets et personnes, bien que transformés ou relocalisés à chaque fois - crée une mise en abyme qui génère une expérience plus diffractée de l'histoire familiale. Par cette réfraction, D'Alcantara met en place un récit qui révèle ses différents points de vue, ainsi que diverses histoires et versions potentielles, toutes transmises par la tradition orale.

À travers cette même réfraction, le corps humain - tant celui de Jurema que celui des autres personnages représentés - montre son pouvoir de transformation et, par celle-ci, reflète la nature multiple du corps et de l'histoire elle-même. 

Plutôt que de guider le spectateur à travers une récit chronologique, ou même une histoire tracée selon une méthode narrative conventionnelle, Jurema Sagrada oblige le public à établir une corrélation entre les images montrées. Il en résulte une expérience visuelle imprégnée d'une compréhension indicible des liens familiaux et de leurs effets sur la psyché artistique, un désir non seulement de comprendre pleinement l'importance de l'histoire familiale, mais aussi d'explorer et de comprendre son aura.

D'Alcântara fait de la fragmentation, répercutée et multipliée dans une esthétique néobaroque qui revisite et réforme les parties d'un tout, le principal moyen d'interaction avec son œuvre. Les spectateurs et spectatrices sont amené.e.s à assembler le récit comme iels l'entendent, à comprendre le tout à travers la somme de ses parties. La recombinaison sans fin des éléments, tant par la performance de l'œuvre que par la réception du public, ouvre la voie à une boucle exhaustive de potentiel narratif et de compréhension.

***

Both Jurema Sagrada and D'Alcântara's larger Syncretic Series exploit a neobaroque aesthetic to weave the work together and back into itself. The constant self-referential and evolving symbolism—accomplished by repeatedly displaying the same objects and persons, though transformed or newly situated each time—creates a mise en abyme which renders a more refracted experience of family history. Through refraction D'Alcântara establishes a narrative that reveals its various points of view, as well as diverse potential histories and versions, all transmitted through oral tradition.

Through this same refraction, the human body—both that of Jurema and of other characters shown—displays its power of transformation, and through this transformation, reflects the multiplicitous nature of the body and of the story itself. 

Rather than guiding the spectator through a chronological history, or even one plotted in a conventional narrative method, Jurema Sagrada forces the audience to correlate between the imageries shown. What results is a viewing experience mired in an unspeakable understanding of familial ties and their effects on the artistic psyche, a desire to not only fully comprehend the importance of family history, but to explore and understand its aura.

D’Alcântara establishes fragmentation, seamlessly echoed and multiplied in a neobaroque aesthetic that revisits and reforms the parts of a whole, as the primary means of interaction with his art piece. Viewers are driven to assemble the narrative as they see fit, to gain understanding of the whole through the sum of its parts. The endless recombination of elements, both through the performance of the piece and through the reception of the viewer, paves the way for an exhaustive loop of narrative potential and understanding.