Installation
Oeuvre sonore
Vidéo
TRACE-S
Auteur·e·s de la fiche: 

TRACE-S est un projet réalisé par le plasticien GMTW et le compositeur Nicolas Canot. Au printemps 2015, GMTW a entrepris un voyage à vélo de Reims en France jusqu’à Nida en Lituanie. Pendant le voyage de 2000 kilomètres, GMTW a passé douze jours à vélo, tout en enregistrant les données topographiques de son trajet.

Nicolas Canot a ensuite créé une œuvre avec les données de l’enregistrement. TRACE-S s’est réalisée en installation interactive où le public peut interagir avec les données en forme de signaux sonores et visuels.

Le spectateur ou la spectatrice porte des gants connectés et interagit avec ses gestes, une main contrôlant l’aspect sonore—qu’on écoute dans un casque porté par le spectateur ou la spectatrice—, l’autre, l’aspect visuel — qui est projeté sur un grand écran.

L’aspect sonore est basé sur les enregistrements du quotidien du voyage; on peut entendre des oiseaux, des voitures, le bruissement des feuilles avec le vent. Pourtant, il n’est pas présenté dans son état naturel, mais en état déformé et abstrait. Visuellement, les images affichées sont aussi abstraites que le son et se déplacent sur trois dimensions grâce aux mouvements du spectateur ou de la spectatrice.

L’affichage et le son qui en résultent sont immédiats, mais éphémères. La manipulation du spectateur ou de la spectatrice n’est pas enregistrée, ne laissant aucune trace de l’interaction.

Relation au projet: 

TRACE-S présente plusieurs tentatives d’épuisement.

La première est une tentative d’épuisement d’un évènement, ici le voyage de GMTW. L’enregistrement de toutes les données topographiques crée une trace de postérité du voyage dont on peut faire l’expérience. Il s’agissait de capturer les données de GPS, température, humidité, ainsi que fréquence cardiaque de GMTW. Toutes ces données ont été enregistrées pendant le voyage et ensuite utilisées pour créer l'œuvre et l'expérience abstraite. Pourtant, cela reste une tentative plutôt qu’une réalisation parce que l’enregistrement ne peut pas recréer la vraie expérience du voyage pour le spectateur ou la spectatrice, uniquement les données d’ouïe et de vue. L'effet de présenter des affichages abstraits fait référence à l'impossibilité de transmettre l'expérience.

La deuxième tentative concerne l’épuisement d’un dispositif. Le dispositif, dans ce cas, n’est pas l’enregistrement des données du voyage, mais plutôt de l’affichage de l’œuvre au sein de l’interaction d’un spectateur ou d'une spectatrice. Chaque mouvement léger du spectateur ou de la spectatrice porte une influence sur l’affichage, soit en changeant l’image ou le son. L'expérience de l'œuvre est obligatoirement basée dans le corps et ni le spectateur ou la spectatrice, ni l’œuvre ne peuvent jamais s’échapper de cette influence corporelle.

De cette façon, l'œuvre joue aussi sur une tentative d’épuisement du corps. Chaque mouvement nuancé du spectateur ou de la spectatrices inflige un changement sur les affichages visuels et sonores. Même l’inaction prolonge un certain affichage. Chaque spectateur ou spectatrice aura des mouvements variés, affichant l'œuvre en état de transformation continue. Le son n'est diffusé que par le casque, donc seulement la personne contrôlant l'œuvre avec ses gestes peut en faire l'expérience complète.

La dernière tentative est celle d’un épuisement d'un principe: celui de la participation. L’œuvre n’existe qu’en interaction avec un public. Sans spectateur ou spectatrice qui porte le casque et les gants et allume l'œuvre avec ses mouvements, cela ne reste qu’une installation attendant le lancement.